Jardin sous les paupières (Philippe Mathy)

18,00 

En sept chapitres, septante jours qui tentent de donner raison à Goethe lorsqu’il écrivait : « L’acte le plus difficile est celui que l’on croit le plus simple : percevoir, d’un regard en éveil, les choses qui se présentent à nos yeux. » Expérimenter ; recueillir un jardin sous les paupières.

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Description

Les arbres, les fleurs, les oiseaux… Mieux vaudrait sans doute écarter, d’un revers de plume, ces notions a priori poétiques. Non. Oser encore s’avancer vers ce lieu commun, ce lieu partagé : le jardin. Relever le défi de regarder encore, non comme le chasseur d’images qui braque son objectif pour enregistrer des clichés, mais comme l’errant qui chemine poches vides pour laisser place à la Visitation. En sept chapitres, septante jours qui tentent de donner raison à Goethe lorsqu’il écrivait : « L’acte le plus difficile est celui que l’on croit le plus simple : percevoir, d’un regard en éveil, les choses qui se présentent à nos yeux. » Expérimenter ; recueillir un jardin sous les paupières.

« Le dernier livre de Philippe Mathy « Jardin sous les paupières » (éd. Le Taillis Pré), qui vient de paraître, frappe d’emblée par l’affirmation d’un ton, d’une atmosphère, de ce qu’Hölderlin appelait, dans son écrit Sur la différence des genres poétiques, le ton fondamental (« Grundton »), L’ingénuité qui caractérise la poésie de Mathy ne tient pas tant aux mots qui la véhiculent qu’à ce flux qui la porte, flux de temps et d’espace, d’un temps primordial au fond « achronique » et d’un espace-lumière aux intensités changeantes, tantôt ombrées et tantôt claires.
Ce qui s’ appelle ici « ingénuité » est le fruit d’ une opération subtile, d’une expérience poétique qui procède par réduction et décantation afin d’ atteindre, tel une essence, à l’ état le plus natif, à l’ état le plus « simple » de l’ homme. Mais cette présence, loin d’ être une régression, est l’ enfance devenue gagnée sur un « vide qui nous dévore », conquise « contre le silence d’une nuit qui s’obstine », une fois franchi « l’impitoyable mur de surdité ».
Le poète a cheminé dans sa lutte afin de retrouver la capacité de voir l’invisible et de « franchir cette porte […] au-delà de laquelle nous deviendrions nous-mêmes ouverture vers un autre chemin ».
Sur le plan de l’apparaître, le livre se présente avec ses deux versants : sur les pages de gauche, les jours des semaines s’égrènent comme au fil d’un journal de bord, d’une chronique des états de l’âme ; sur les pages de droite, tout au long des saisons, se déroulent les poèmes d’une contemplation de la nature. L’ensemble de l’ouvrage met en forme le temps à la fois chronologique et cyclique, le temps qui fait retour au sein de son passage. Le poète se livre à une méditation, l’intériorité la plus intime de l’être apparaît au dehors ; l’esprit de la nature, à travers ses mouvements, devient parole.
Plus profondément, le poésie de Philippe Mathy nous révèle que la vision participe chez lui non d’un savoir, d’une esthétique artificielle ou d’une philosophie construite mais d’un état de l’être. Le livre creuse en profondeur jusqu’à un temps qui est celui de l’Instant, celui de l’à-venir qui est là dans son mode d’être paradoxal de n’être point encore, celui de la Promesse qui fait déjà être ce qui n’existe pas : « Quelque chose nous soulève dont nous ne savons rien, strictement rien, sinon que ce n’est pas un rêve ».
Non, c’ est la volonté, la décision, l’ espoir de retrouver la totalité, le vrai dont Goethe disait qu’ il «est le Tout» (« Das Wahr ist das Ganz »), Mathy précisant, dans un magnifique aphorisme: «Tout, ce n’est peut-être que cela l’ invisible ». Le cheminement poétique revêt le sens d’une quête initiatique qui ne fait pas l’économie du combat contre les entraves et les oeillères qui obstruent notre disposition à voir l’invisible, voir devenant l’acte même de notre métamorphose. Il est voie vers la connaissance du réel le plus absolu qui brûle peut-être tel un joyau secret, une fragilité précieuse que, ni le poète, ni son poème, ne détiennent à la manière d’une chose ou d’un objet mais qu’ils pressentent.
Mathy nous invite à parcourir avec lui ce jardin sublimé par l’alchimie poétique, à la recherche non pas du paradis perdu, de la chimère, de l’illusion ou de la rêverie qui parfois console et divertit. Le poète nous convie plutôt à la dépossession, à marcher avec foi vers ce qui nous clarifie, nous dépasse et nous fait exister. »
Philippe Lekeuche

Editions Le Taillis Pré, 2002.
14,5 x 20,5 cm
170 pages
EAN 9782930232633
Prix 18 €
242 g

Informations complémentaires

Poids 0,242 kg
Dimensions 14,5 × 20,5 cm